Marché musical online

Alors qu’en janvier subitement, plus personne ne savait plus vraiment si la version longuement élaborée de la nouvelle directive européenne sur le droit d’auteur était encore dans l’intérêt des artistes, un compromis a, semble-t-il, été trouvé qui est soutenu par la plupart des organisations d’artistes. Les parties se sont mises d’accord sur un projet qui avait déjà été proposé une fois entre la France et l’Allemagne. Si vous souhaitez en connaître les détails, lisez la version anglaise qui a fuité dans le magazine politique Politico.

Parmi les soutiens à la version actuelle, on trouve en plus de l’ECSA (European Composers Alliance) l’IMPALA, l’association faîtière mondiale des labels indépendants. L’IFPI, l’association faîtière de l’industrie phonographique qui compte aussi les principaux labels parmi ses membres, n’a pas encore tranché.

Du point de vue des musicien·ne·s, la pièce maîtresse de la révision est l’article controversé n° 13, qui veut obliger les plateformes de téléchargement de contenus par l’utilisateur, comme YouTube par exemple, à prendre plus de responsabilités. Pour l’industrie musicale et les sociétés de perception, cela rebattrait les cartes pour les futures négociations tarifaires avec YouTube, qui serait dès lors obligée de se comporter en prestataire et ne pourrait plus prétendre ne pas l’être.

Bien que la Suisse ne soit pas membre de l’UE, on peut s’imaginer que les changements pour la pratique commerciale de YouTube parleraient aussi en faveur des titulaires de droits suisses.

La prochaine étape est désormais le vote final au Parlement européen.

Cela fait des années que la question d’un service payant de YouTube revient régulièrement sur la table. Depuis le mois de novembre, il est désormais disponible en Suisse, sous la forme de deux offres différentes: YouTubeMusic et YouTubePremium. Il existe déjà plusieurs articles à ce sujet. Pour résumer, on peut dire que ce que YouTube vend, c’est avant tout une absence de publicité, ainsi que quelques fonctionnalités globalement intéressantes. Ainsi, par exemple, l’abonnement payant permet de lire des vidéos hors ligne et en arrière-plan. Par ailleurs, l’aspect intéressant de YouTubePremium est que cette version donne accès à des vidéos non disponibles dans la version gratuite ou publicitaire. Par rapport aux versions gratuite/Premium de Spotify, l’industrie de la musique a donc ici la possibilité de proposer des contenus en exclusivité aux clients qui payent. Cela ne s’applique néanmoins (malheureusement) pas aux «vidéos albums», avec lesquelles il est possible d’écouter de la musique avec la pochette de l’album comme vidéo. Si l’on souhaite donc diffuser des albums entiers sous forme d’audios, ces derniers seront donc également mis gratuitement à la disposition de l’ensemble des utilisateurs de Youtube.
Le coût des abonnements est comparable à celui d’autres services: 12,90 CHF pour YouTubeMusic, avec une offre familiale à 19,90 CHF. YouTubePremium coûte quant à lui 15,90 CHF par mois.

Pour ce qui est des recettes, il est encore trop tôt pour se prononcer. Selon certains experts des labels et sociétés de gestion, les contrats sont similaires à ceux proposés par d’autres services payants, ce qui signifie que les recettes devraient atteindre le même niveau que chez Spotify et consorts. Nous suivons ce sujet de près et tiendrons nos membres au courant des évolutions

En septembre dernier, nous recevions des nouvelles réjouissantes de Bruxelles: le Parlement européen avait voté en faveur de l’ouverture des négociations sur la réforme du droit d’auteurs, avec notamment le controversé article 13, dont l’objectif est de supprimer les distorsions du marché nées de la création de plates-formes de contenus téléchargés par les utilisateurs telles que YouTube. Cet article répondait à une demande formulée par une large alliance d’associations internationales d’artistes et musiciens.

Aujourd’hui, pourtant, c’est la douche froide: tout d’abord, quelques jours avant le vote au Parlement européen, les représentants de l’industrie de la musique ont averti que la version actualisée du texte de loi ne permettait plus d’atteindre l’objectif initial. Par ailleurs, lors du vote, 11 États-membres ont rejeté le texte. Les représentants de nos intérêts au Parlement européen sont donc désormais confrontés à la lourde tâche d’élaborer une nouvelle version de l’article en mesure d’être largement acceptée en l’espace de quelques semaines seulement. Nous continuons de suivre ce sujet de près pour nos membres et soutiendrons toute action pouvant s’avérer utile, y compris venant d’un État non-membre.