Nous avons suivi avec intérêt le dépôt de la pétition « 40% de musique suisse » auprès de Gilles Marchand, directeur de la SSR et d’Alain Berset, Conseiller fédéral. Nous nous félicitons de ce que le débat soit relancé par ce collectif.
De fait, par rapport à beaucoup d'autres pays, une très faible proportion de musique locale est diffusée par les médias publics en Suisse. C'est l'une des raisons pour lesquelles cette dernière a autant de peine à percer sur le marché musical international. Le programme de nombreux émetteurs privés concessionnaires de l’OFCOM contient en moyenne moins de 10% de musique suisse, voire moins de 5% chez les plus mauvaises élèves. SONART - et ses précédécesseures avant elle - se sont également battues pour cette cause depuis de nombreuses années. Depuis 2004, nous sommes membres de la Charte de la musique suisse (ex- Action swiss music), laquelle détermine, conjointement entre la SSR et les organisations professionnelles de la scène musicale suisse, des quotas de musique suisse diffusée par les radios publiques.
Cette charte a fait ses preuves et permet des avancées régulières. Certes, nous revenons de loin : par exemple, la part de la musique suisse diffusée par SRF3 a augmenté au fil des ans, passant d'un peu moins de 10% à plus de 23% actuellement. Lors de la dernière réunion de la Charte, tenue début juin 2018, les responsables suisses-romands de la RTS se sont engagés à augmenter sensiblement ces quotas d’ici à l'année prochaine. Nous suivrons de près la réalisation de cet objectif au cours de l’année.
En ce qui concerne la SSR, nous ne pouvons pas nous inscrire dans l’exigence unilatérale d’un quota de 40%, mais continuerons de poursuivre les négociations dans le cadre de la Charte.
Nous espérons toutefois que la préoccupation fondamentale de la pétition sera reprise par les élus cantonaux et fédéraux : non pas par rapport à la SSR, avec laquelle un organe de dialogue approprié existe déjà avec la Charte.
Par contre, l’obtention de la concession par les émetteurs privés n’est subordonnée à aucun quota de diffusion de musique locale, pas même pour ceux qui perçoivent des redevances et devraient de ce fait remplir des obligations de service public.
Lors de la prochaine distribution des concessions, nous souhaitons ardemment que le Parlement et l’OFCOM comblent cette lacune. Cela représenterait une prise de conscience de la qualité et de la richesse que la scène musicale suisse offre.
Pour SONART - Association suisse de musique
Christoph Trummer (trad. Mathias Gautschi)